Les indicateurs clés de performances (KPI) pour piloter une TPE dans le transport routier de marchandises

Dans le secteur du transport routier de marchandises, chaque kilomètre parcouru compte. Pour une TPE, où les marges sont souvent serrées et les ressources limitées, il est indispensable de piloter son activité avec rigueur. Or, on ne peut pas améliorer ce qu’on ne mesure pas.

C’est là qu’interviennent les KPI dans le transport de marchandises. Ces indicateurs clés permettent de suivre en temps réel la performance économique et opérationnelle de votre entreprise. Qu’il s’agisse de rentabilité, d’efficacité logistique ou de maîtrise des coûts, ils offrent une vision claire pour prendre des décisions éclairées, optimiser vos ressources… et rester compétitif sur un marché exigeant.

Dans cet article, découvrez les KPI essentiels pour une TPE du transport routier, leur utilité concrète et la manière de les suivre pour mieux gérer votre flotte, vos charges et vos résultats.

Pourquoi suivre des KPI en transport de marchandises ?

Le transport routier de marchandises (TRM) constitue un pilier essentiel de l’économie française : il représente à lui seul 89 % du transport de biens, tous modes confondus. Le secteur pèse :

• 43 milliards d’euros de chiffre d’affaires
• Plus de 442 000 camions immatriculés
• Environ 400 000 salariés, dont 95 % en CDI

Et pourtant, plus de 1 000 entreprises du TRM disparaissent chaque année en France.

En effet, ce secteur, aussi stratégique soit-il, est extrêmement concurrentiel. Ce phénomène est encore plus accentué pour les TPE qui ne bénéficient pas des mêmes économies d’échelle que les grandes entreprises. Par conséquent, les revenus générés par l’exploitation des véhicules ne suffisent pas toujours à couvrir l’ensemble des charges. Les enjeux et difficultés auxquels un transporteur s’expose sont nombreux : Coût et disponibilité des véhicules, gestion des ressources humaines, nombre d’heures non maîtrisé, variations des coûts du gasoil… sans parler des contraintes réglementaires et des exigences croissantes des clients.

Dans ce contexte, le pilotage de l’activité doit être rigoureux et précis. Sans données fiables, il sera difficile de savoir si l’on prend les bonnes décisions.

L’importance des KPI en transport de marchandises

Les indicateurs clés de performance (KPI) en transport de marchandises offrent une lecture objective et chiffrée de votre activité, permettent d’anticiper les dérives, et surtout, de prendre les décisions de gestion le plus rapidement possible.

Concrètement, les KPI du transport de marchandises servent à :

• Définir la performance : visualiser où l’entreprise gagne ou perd de l’argent.
• Identifier les écarts : éviter les mauvaises surprises
• Optimiser les ressources : Organisation des trajets, de la consommation et des ressources humaines.
• Prendre des décisions : ajuster les prix, remplacer un véhicule, recruter, modifier une tournée.

KPI en transport de marchandises : les indicateurs à suivre en priorité

Même si la tentation est grande de suivre des dizaines de chiffres, l’enjeu pour une TPE est de se concentrer sur l’essentiel. Voici les 6 KPI clés du transport de marchandises à suivre chaque semaine ou chaque mois, selon votre rythme.

1. Volume d’activité par camion 

Un camion se doit de rouler pour générer un revenu minimum afin de couvrir les charges de fonctionnement de la société de transport. 

• Formule :

Volume d’activité par camion = Objectif de chiffre d’affaires journalier x Nombre de jours ouvrés* *(fonction de la période étudiée)

• Intérêt : s’assurer que chaque camion assure le volume d’activité nécessaire. 
• À surveiller : si le volume n’est pas atteint, le chef d’entreprise doit identifier si le problème provient de la planification ? du chauffeur ? et s’il doit démarcher des nouveaux clients ou vendre des actifs. 
• Objectif :  le volume d’activité dépend du véhicule. A titre d’exemple, un ensemble articulé doit générer un chiffre d’affaires hors taxes quotidien supérieur à 650 €. 

2. Taux de remplissage

L’un des KPI les plus critiques dans le transport de marchandises (TRM). Il mesure l’efficacité de vos chargements.

• Formule :

Taux de remplissage = (Marchandises transportées / Capacité totale) x 100

• Intérêt : un camion qui roule à moitié vide coûte pratiquement aussi cher qu’un camion plein… sauf qu’il rapporte deux fois moins.
• À surveiller : si vos revenus stagnent alors que vos camions roulent, ou si les kilomètres augmentent sans augmentation équivalente du chiffre d’affaires.
• Objectif : 80 % minimum sur les tournées régulières. Si vous êtes en dessous de vos objectifs, travaillez sur la mutualisation (livraison à plusieurs clients sur un même secteur), ou utilisez une bourse de fret pour remplir les retours à vide.

3. Taux de kilomètres à vide

Cet indicateur complète le taux de remplissage. Il mesure l’inefficacité d’une partie de vos trajets.

• Formule :

Taux de kilomètres à vide = (km sans chargement / km total) x 100

• Intérêt : chaque km sans marchandise transportée est un coût net, sans chiffre d’affaires associé.
• À surveiller :  un taux à vide > 25 % est souvent signe d’une planification à optimiser.
• Objectif : S’assurer que le taux se situe sous les 20 %, à défaut, le gérant devra prendre la décision de gestion adéquate : Refuser le transport initial, augmenter son prix de vente ou optimiser son organisation. 

4. Consommation de carburant

Le carburant représente entre 15 et 30 % des charges variables d’un transporteur. Il doit être suivi avec rigueur.

• Formules :

Consommation brute = L / 100 km

Coût du gasoil par kilomètre parcouru = € / km

Part du carburant dans votre activité = (Carburant / Chiffre d’affaires) x 100

• Intérêt : Les écarts de consommation constatés sont une source importante d’économies et vont, par conséquent, améliorer la rentabilité de votre structure. 
• À surveiller :  L’augmentation de la consommation de carburant peut être générée par une multitude de facteurs (mauvaise conduite, problème mécanique, surcharge, vol de carburants…). Il est préconisé de suivre la consommation de carburant afin d’agir en cas de dérive de la consommation de carburant par rapport au secteur mais aussi par rapport aux performances internes de l’entreprise (Comparaison mensuelle par camion, par chauffeur, etc…). 
• Objectif : Il est possible d’identifier deux leviers :
  • Augmenter le prix de vente : Les variations de prix du gasoil peuvent être répercutées légalement sur vos clients (pied de facture). 
  • Diminuer les coûts liés au carburant : Mettre en place une politique d’éco conduite, renouveler une partie de la flotte, installer la géolocalisation.

5. Coût d’entretien / km + Taux d’immobilisation

Un camion à l’arrêt, c’est une société de transport qui fonce droit dans un mur. 

• Formules :

Entretien / km : pour détecter un véhicule qui coûte trop cher

Jours d’immobilisation/mois : pour suivre la disponibilité réelle de votre flotte

• Intérêt : certains camions trop vieux coûtent plus à maintenir qu’à remplacer.
• À surveiller : hausse soudaine du budget d’entretien liée aux pannes ou aux réparations
• Objectif : planifier la maintenance préventive, comparer le rendement de chaque camion. Répercuter les conclusions sur la planification pluriannuelle du renouvellement du parc de véhicules. 

6. Coût de revient au kilomètre

C’est le socle de toute décision tarifaire. Il représente le coût, en moyenne, de chaque kilomètre parcouru.

• Formule :

Coût de revient au kilomètre = Total charges (carburant, entretien, amortissements, assurances, salaires…) / km parcourus

• Intérêt : Ne pas rouler à perte (si votre coût/km est supérieur à votre prix facturé/km)
• À surveiller : Comparer ses performances à celles du secteur (via les moyennes CNR). En cas d’écart, il faut soit réduire vos charges, soit revaloriser votre tarif.
• Objectif : vous permet de négocier vos tarifs de façon fiable, par exemple si votre porteur 19T affiche un coût moyen de 1,25 €/km, vous ne pouvez accepter un contrat dans lequel vous facturez 1,15 €/km. 

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Pour conclure

Dans une TPE du transport routier de marchandises, la rentabilité repose principalement sur trois postes de coût majeurs :

Mettre en place un reporting simple mais régulier sur ces trois postes est indispensable. Les bons indicateurs (KPI) du transport de marchandises vont permettre d’anticiper les problèmes plutôt que les subir.

L’objectif est de contrôler sa gestion avec un tableau simple afin de s’assurer qu’un camion génère le volume d’activité suffisant (écart sur objectif de chiffre d’affaires) avec une exploitation satisfaisante (conforme aux ratios de gestion sectoriels).

Si l’approche reste ici centrée sur l’aspect économique de la société (rentabilité), vous pouvez enrichir votre tableau de bord avec des KPI dans le transport de marchandises plus qualitatifs : ponctualité, conformité, satisfaction client, turn-over des salariés, émission, etc… Ces indicateurs pourront être les prémices d’une démarche RSE particulièrement appréciée par certains donneurs d’ordre. 

Vous ne pilotez pas un camion sans tableau de bord… alors ne pilotez pas votre entreprise sans KPI !

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